Face aux crises sociales, politiques, économiques et environnementales du présent, le constat semble être celui d’une impuissance à changer quoi que ce soit. Mais qu’est-ce que ce constat dissimule ? Et quelles sont les pistes de changement que la pensée offre aujourd’hui à celles et ceux qui rêvent d’un autre monde ? Réponses avec deux des plus grandes figures de la pensée contemporaine.
D’un côté, les promesses du moment populiste ont vacillé, comme en témoignent les défaites de Jeremy Corbyn, Bernie Sanders et Jean-Luc Mélenchon, tandis que la pandémie de Covid-19 a fait naître un fort besoin de protection, créant un terrain favorable aux dérives autoritaires de la politique. D’un autre, les conséquences de ce que l’on appelle « Anthropocène » (mégafaux, sécheresses, épuisement des ressources, crise énergétique) ont démontré la prise toujours plus forte des forces du capitalisme industriel sur un monde en train de rencontrer ses limites. Qu’il s’agisse de politique ou d’économique, d’écologie ou de société, et même jusqu’à l’art, le désarroi semble total. Il n’en est que plus urgent de parvenir à fédérer la totalité des citoyens, de gauche comme de droite, militants comme fatigués, créateurs comme consommateurs, autour d’un projet politique animé non par la peur, mais par la perspective d’un monde différent, qui associe lutte contre les inégalités et défense de l’environnement. Un tel projet, qui pourrait se présenter sous la forme d’un « New Deal » vert, aurait pour premier article de foi la réaffirmation de valeurs désormais en crise – à commencer par celle de l’inclusion toujours plus vaste d’êtres et de formes de vie. En se référant aux ressources de la pensée politique autant qu’à celles de l’art, Chantal Mouffe et Nicolas Bourriaud en appellent à une révolution qui, si elle doit commencer dans les esprits, réclame plus que jamais d’être mise en pratique.
