Qu’est-ce qu’une maison ? Que signifie construire un lieu, s’y déployer, y déposer des vies, des souvenirs et des désirs ? Que signifie participer à l’existence d’un espace de telle manière que cet espace devienne une part de nous – et nous, une part de lui ?

Søren Carl Theodor Marius Sørensen,
1948, Nærum, Danemark
Á l’heure où la planète se révolte, où les guerres chassent de plus en plus d’individus loin de leur logement, où le capitalisme précipite un nombre croissant d’individus dans la rue, et où les maisons elles-mêmes deviennent une source d’inquiétude, de danger ou de pollution, penser nos manières
d’élaborer, ériger et peupler nos maisons est devenu un enjeu radical. Car à travers l’idée de maison, c’est la totalité de ce avec quoi nous interagissons qui se trouve mobilisé: de notre
corps à la Terre en passant par notre domicile, notre activité professionnelle, nos loisirs et nos oublis.
Tout est maison – de différente taille, de différente importance et de différente manière. Maison du corps, maison des villes, maisons des pays, maison de l’histoire, de la sexualité, maison de notre environnement et de notre politique:
pour pouvoir penser les grands enjeux qui nous requièrent aujourd’hui, de la politique à l’économie, de l’écologie à l’éthique, de l’urbanisme à l’ontologie elle-même, il nous faut opérer un virage dans notre perception de ce qui nous entoure et retrouver le
sens d’un aménagement juste de nos espaces de vie, de plus petit au plus grand, du plus intime au plus extime.
Pendant trop longtemps, la pensée humaine a considéré les couches de maison dont nous nous enveloppons comme des entités secondaires, soumises de façon automatique à notre maîtrise. Nous réalisons à présent que ces entités prétendument secondaires sont en réalité tout. Sans nos maisons, sans nos habitations, nous ne sommes qu’un mince filet d’air emporté par le vent de l’histoire.
