Le jardin d’aujourd’hui ne saurait s’en tenir à l’enclos traditionnel, il oblige le voisinage au partage.
(Gilles Clément, Jardins, paysages et génie naturel)
Il n’y a pas de maison qui ne soit faite, fabriquée, construite.
Il n’y a pas de maison qui n’éloigne ceux qui les habitent de la nature.
Mais est-ce vraiment le cas ? Est-ce que le fait de construire des murs et des toits, des fondations et des fenêtres, de s’envelopper à l’intérieur d’espaces artificiels de protection est-il si différent des autres manières d’habiter le monde ?
Et, à l’inverse, le monde en apparence nu sur lequel sont construites les maisons est-il si éloigné que ça
de toute intervention de ceux qui y manigancent leur vie ? Au-delà de la différence entre donné et
construit, entre naturel et artificiel, les architectes et les paysagistes travaillent à proposer des rapports
nouveaux à ce qui nous entoure et que nous parcourons.
Ils œuvrent, comme des artistes, à nous aider à habiter ce qui nous semble inhabitable en changeant
d’abord notre regard, nos préconceptions, nos préjugés à propos de ce qui serait habitable et de ce qui
ne le serait pas – en proposant à notre expérience des lieux qui remettent en question les séparations,
les divisions, qui cherchent à les limiter à telle ou telle évidence reçue.
Mais comment ? Comment travaillent les paysagistes et les architectes à changer notre expérience du monde, à proposer d’autres significations et d’autres formes au fait d’habiter ?
Comment, en d’autres termes, recréent-ils sans cesse les significations du mot “maison” ? Pour obtenir une réponse à ces questions, il n’y a qu’une seule solution : les leur poser.
